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10/12/2012

Quelle solution face au chômage ?

En réaction à l’article intitulé « Allemagne : l’envers du décor » (DNA du 3/12), Alexis Lehmann, ancien chef d’entreprise et membre de la Fondation Entente Franco-Allemande, refuse de stigmatiser la politique de l’emploi outre-Rhin et plaide pour une évolution des mentalités en France.

«Ne faudrait-il pas courageusement adapter notre vieux Code du travail à la situation économique et sociale actuelle ? »

« L’Allemagne n’est pas un exemple à suivre », dit Günter Wallraff, parlant de la structure de l’emploi en Allemagne (DNA du 3 décembre). Fort bien, mais quelle est alors la bonne solution face au chômage ? Certes, ces emplois à court, ou très court terme, à salaire négocié, sans SMIC, ces emplois précaires, journaliers, parfois horaires nous révoltent, nous Français, si habitués à nos garanties légales.

Le coût estimé du chômage se situe entre 50 et 60 milliards d’euros par an en France. Certainement les contraintes humaines sont plus fortes, mais la France, pour l’instant paye cher son dogmatisme en la matière, et ne propose aucune solution d’envergure au problème du chômage de masse auquel elle est confrontée. Plus de trois millions de chômeurs, et 30 % de jeunes en situation de grande précarité. Insupportable.

Le fait de soumettre ces deux récentes mesures phares : les emplois d’avenir et les contrats de générations aux contraintes légales usuelles, prouve que nous sommes encore loin d’une évolution des mentalités.

Nous proposons cinq cent mille emplois d’avenir, sur cinq ans à des jeunes sans emplois. Payés au SMIC, ces emplois, essentiellement publics, seront financés en totalité par l’impôt. De même, les cinq cent mille contrats de générations également payés au SMIC et à durée indéterminée seront eux aussi fortement supportés par l’impôt. Nous aurions peut-être pu initialiser des emplois de ce type avec une rémunération et un temps de travail adaptés par exemple. Car ces mesures évidemment louables, compréhensibles dans l’idée, sont impossibles à tenir ! Quel pays peut supporter une telle charge sans contrepartie ?

Le coût estimé du chômage se situe aujourd’hui déjà entre 50 et 60 milliards d’euros par an en France. En effet, aux 28 milliards d’allocations chômage brutes, il faut rajouter une somme au moins équivalente en manque à gagner fait de charges sociales patronales et salariales non perçues, sans chiffrer une éventuelle perte fiscale.

Se rajoutent quelques milliards pour le traitement même de ce chômage, qu’il soit statique, (organismes spécifiques) ou dynamique (formation).

Pourrons-nous longtemps encore, entreprises et particuliers, supporter ainsi une aide sociale de cette ampleur sans revoir nos critères d’allocation ?

Rien qu’en Alsace nos 84000 chômeurs coûtent chaque année quelque 2,5 milliards d’euros à la collectivité… soit près de trois fois le budget total de la Région !

Les organismes syndicaux de salariés et de patrons devront débattre de cette question, mais il me semble peu acceptable, voire déplacé de stigmatiser les essais d’aménagement de nos voisins qui, en accord entre les « pourvoyeurs d’emplois », et les « preneurs d’emplois » comme ils disent, ont réussi à trouver des solutions pour répartir le poids du chômage sur l’ensemble des acteurs économiques et sociaux. Bien sûr, tout actif en âge et en capacité de travailler veut avoir un emploi et un salaire à taux plein, mais il faut bien se rendre à l’évidence que pour l’instant les mesures de stimulation, soit part la demande, soit par l’offre ont été insuffisantes pour relancer l’activité économique en France.

Faut-il, dans ces conditions, s’obstiner à financer le « nonemploi », comme avant, sans revoir ni la variable « temps de travail » ni celle du « niveau » de salaire par les seuls outils des impôts et des taxes ?

C’est la plus facile et la plus mauvaise des solutions. Les charges fiscales obèrent les entreprises dans leur compétitivité, et donc menacent directement l’emploi salarié, d’autre part elles limitent les salariés dans leur pouvoir d’achat, ce qui se répercute inévitablement sur l’activité des entreprises. De plus, elles chassent et les investisseurs étrangers et les cerveaux. Un cercle vicieux que nous connaissons trop bien.

Ne faudrait-il pas plutôt, courageusement, comme nos voisins, comme, hélas, nos voisins, adapter  notre volumineux et vieux Code du travail à la situation économique et sociale actuelle et le replacer, sans rêverie, dans la réalité d’un univers concurrentiel européen et mondial comme la France n’en a jamais connu ?

Le temps « travaillé » et les « niveaux » de rémunération ne sont pas les seules variables d’ajustement, ni les seules clés du quasi plein emploi en Allemagne. Il y en a d’autres paramètres : la compétitivité hors coûts, l’excellence de leur production industrielle, leur positionnement moyen-haut de gamme, leurs talents d’exportateurs, etc.

Mais si, malgré tous ces atouts l’Allemagne devait respecter et notre salaire minimum et nos règles relatives au droit du travail, elle se retrouverait avec un taux de chômage singulièrement plus élevé, un taux d’imposition nettement plus lourd, une compétitivité industrielle handicapée, une balance commerciale déficitaire… !  

De quoi nous faire réfléchir… »

Commentaires

Merci pour cet excellent article. Je pense qu'il y a de multiples solutions face au chômage, mais personnellement je pense que ce qui est le plus difficile c'est les pressions financières qui résultent de la perte d'un emploi. J'ai créé la première assurance complémentaire chômage We Club afin que les personnes licenciées reçoivent le 100 % de leur dernier salaire, car je suis certain que si le salarié n'a pas de pressions monétaires il va retrouver beaucoup plus vite un nouvel emploi qui correspond à ses capacités, j'espère être copié par d'autres.

Joyeux Noël à toutes et à tous

Écrit par : Laurent | 26/12/2012

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