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03/03/2008

ALLOCUTION "CERCLE DE LA CATHEDRALE" du 3 MARS 2008

Je suis heureux que le thème de l’Europe s’inscrive dans le débat municipal. C’est le paramètre principal du destin de Strasbourg. L’Europe à Strasbourg est certainement une cause nationale, mais c’est aussi une cause municipale.

Je n’ai pas de légitimité élective pour vous parler de ce thème, mais je plaide pour crédibiliser mes propos la validation des acquis de l’expérience et une passion pour Strasbourg jamais démentie.

A Kronenbourg, j’ai vanté et chanté Strasbourg et l’Alsace dans tous les coins de France et dans de nombreux pays d’Europe. Nous avons fait venir ici des dizaines de milliers de visiteurs

A la Place des Halles, j'ai découvert les réalités de proximité, la sociologie urbaine les plus et les moins de l’attractivité. Autant à Strasbourg, qu’à Paris, j’ai compris que le "bon touriste économiquement parlant était un touriste qui venait de loin, qui dormait sur place une ou plusieurs nuit, qui mangeait dans les restaurants, qui visitait, qui achetait".

C’est important pour la suite de mon exposé.

A la tête de la Strasbourgeoise, j’ai financé fortement les manifestations importantes de notre ville.

Parallèlement à ma carrière professionnelle, je me suis engagé dans des activités bénévoles pour le compte de la ville et de la Région. J’étais Président de Strasbourg Développement,Vice président de la CCI , Président des amis de l’ Ircad, de l’IAE etc... Mais surtout, j’ai vécu pendant près de vingt ans d’abord avec Pierre Pollak,, ensuite avec Françis Hirn, l’épopées de SPE . Une association au dessus des clivages ayant pour seul but de contribuer au développement de notre ville.

C’est au sein de cette association qu’est née l’idée de Strasbourg Capitale de Noël, qui qu’aujourd’hui encore décembre est le mois le plus fréquenté alors que de mémoire de Strasbourgeois, c’était toujours le mois le plus creux.

C’est au sein de cette association que, suite à une large plate forme de réflexions représentatives de toute la population Strasbourgeoise, qu’a germé l’idée d’un lieu d’Europe ouvert au grand public. Strasbourg est plus qu’une ville pour les Strasbourgeois, la charge de l’histoire en a fait qu’elle porte des valeurs quasi sacrées. Strasbourg, c’est l’«âme de l’Europe», disions nous.

C’est sur les bases de cette conclusion que nous avons pensé qu’il n’y avait pas de foi, de croyance possible, sans un lieu pour l’exprimer, la vivre, la partager.

Je n’ai pas le temps de réexposer ici le concept d’Eurodom comme je l’ai déjà fait, il y a deux ans ici, invité par HM et Norma Serpin qui présentait à ce moment l’Eurodistrict. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il s’agit d’un lieu ouvert au public et qui parle de l’Europe d’une manière intelligible et passionnante. 12 langues différentes sont proposées aux visiteurs, il y a une salle de conférence, des halls d’exposition, une médiathèque. On y explique surtout qu’aucun des thèmes des préoccupations majeures de notre quotidienneté : chômage, pouvoir d’achat, sécurité, écologie, éducation, ne peut plus être résolu isolément par un pays de l’ Union quel qu’il soit .


La population interrogée sur l’opportunité d’un tel lieu s’est exprimée favorablement à 85 % dans un sondage Interface Tourism publié d’ailleurs dans les DN.

La municipalité en Place n’a jamais voulu entendre parler d’un tel lieu. Je le déplore. Ce n’était pas une question de temps, jamais un mandat n’avait été aussi long, ce n’était pas une question d’argent, jamais la ville n’a autant investie. C’était un choix délibéré !

Alors, Mesdames et Messieurs les candidats

Que voulez vous que l’on dise de Strasbourg demain, si vous n’aviez le choix que d’un seul qualificatif ? Strasbourg culturelle, Strasbourg Gastronomique, Strasbourg historique, architecturale, humaniste ou
Strasbourg l’Européenne ?

La question est d’une importance majeure dans cette compétition que se font les villes à l’intérieur du « City Branding », nouveau concept marketing : Une ville, une Marque, auquel on assiste aujourd’hui. Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, toutes ces villes sont en train de travailler leur marque et leur image.

Strasbourg n’a pas d’image globale identificatrice spécifique

Ma proposition c'est Strasbourg, l'Européenne, c’est notre mission.

C’est un concept reliant le passé au futur, il faut juxtaposer au quartier de la Petite France, celui de la grande Europe. Il faut offrir à ce demi milliard d’hommes qui forment aujourd’hui la population Européenne un lieu qui les fédère et qui fasse la pédagogie de la plus fantastique opération d’union et de rassemblement pacifique et non violente que le monde n’ai jamais tenté. Il faut expliquer les raisons de cette union.

L’Europe c’est plus qu’un continent, c’est plus qu’un espace économique c’est plus qu’une zone de libre-échange. L’Europe, c’est un ensemble de valeurs, de valeurs d’humanité susceptibles de préserver le monde de tous les extrémismes, de tous les terrorismes, de tous les intégrismes, qu’ils soient religieux, stratégiques, économiques, écologiques.

Strasbourg est la plus légitime des villes pour mener cette stratégie, c’est son devoir vis à vis de son histoire et de tous les morts de tous les camps qui ont fait que ce soit ici même sur les ruines des conflits que l’idée d’ Union Européenne est née.

Je vous cite une phrase de Hans Gert Poettering, Président du Parlement Européen dans son discours d’investiture "Je souhaite la création d’un lieu de mémoire et d’avenir ou l’idée Européenne puisse prospérer" plus loin encore, il parle de tolérance entre les peuples et les religions disant notamment "Il s’agît là d’une condition déterminante de notre évolution spirituelle".

J’aurais aimé, c’est vrai, que ces phrases soient dites par le Maire de Strasbourg, de manière à ce que ce haut lieu d’Europe soit érigé, non dans la Capitale de l’Eurocratie, comme il va l’être mais dans la Capitale de la Démocratie qui serait son socle véritable.

La semaine dernière revenant de Paris j’ai pris à la gare un dépliant présentant Strasbourg. Il s’appelle " Toute la ville en poche" et c’est très illustrant. Dans les choses à voir en 9ème position et après nos sites traditionnels, arrive le chapitre Européen avec le Conseil de l’Europe, et en 10ème le Parlement. Il y est dit : "Conseil de l’ Europe : visite sur réservation et Parlement Visite pour groupes uniquement et sur réservation écrites préalables" .

Voyez-vous pour moi, vraiment, le compte n’y est pas.

Pour que Strasbourg puisse s’attribuer cette image qui lui va comme un gant, il faut apporter une réponse spécifique aux attentes touristiques et aux attentes des chercheurs d’Europe. Un lieu, un accueil, une signalétique, une animation.

En conclusion, rêvons un peu. Nous sommes en 2009.

Il est 9h30 du matin et sur l’esplanade de la maison d’Europe, comme tous les matins, une personnalité éminente de Strasbourg et un représentant d’un des 27 pays Européens assistent à la montée des couleurs Européennes. Chaque semaine, c’est le tour d’un autre pays d’Europe, selon un calendrier défini et distribué sur Internet à tous les européens.

La flamme éternelle de l’Europe danse joyeusement devant cette magnifique stèle que l’on appelle communément les «Tables de la loi de l'Union» et sur laquelle sont reproduites quelques pensées fortes reprises dans la charte des Droits fondamentaux : dignité, tolérance, paix et solidarité.

La cérémonie est puissamment symbolique, car elle se déroule au son de l’hymne à la joie qui précède celui de l’hymne national du pays présent.

Bien sûr, il y a des personnes de tous âges, mais ce sont surtout tous ces jeunes qui sont impressionnants. Ils sont venus de toute part, car Strasbourg s’est réinscrite au centre des grands itinéraires du moyen âge. Notre ville est devenu le Saint Jacques de Compostelle de tous les adolescents d’Europe. Ils sont des dizaines de millions. 25 routes mythiques aboutissent ainsi à Strasbourg. Ces routes un peu mystiques comme autrefois évitent les grandes capitales pour cheminer sur des itinéraires qui ont du sens et qui relient des étapes empreintes d’un certain humanisme ou d’une saveur culturelle particulière. Barcelone Dresde, Cork Venise, Amsterdam, Florence, etc…

Ils repartiront chez eux pleins de rêves Européens et de rêves pour leur propre vie. Ils sont fiers de leur attestation prestigieuse signée du maire de Strasbourg et du Président du Parlement Européen, certificat nominatif où il est marqué qu’ils sont citoyens d’Europe et qu’ils ont réalisés la "longue marche de Strasbourg".

Ils savent, comme le dit si bien Jérémy Rifkin, qu’ils «portent en eux l’espérance du monde». Ils sont venus par tous les moyens, mais ils ont tenu à parcourir les derniers km dans ce fameux tramway de Strasbourg dont les wagons sont peints aux couleurs des pays d’Europe.


Cette mythologie Européenne a charmé beaucoup d’entreprises européennes, notamment des entreprises du tertiaire supérieur qui ont tenu à s’installer ici. Elle a aussi considérablement freiné les ardeurs des partisans du "one seat" qui ont maintenant beaucoup plus de mal à évoquer un retrait pur et simple du Parlement à Strasbourg.

Alexis LEHMANN

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