27/03/2008
Strasbourg: Leçons d'une élection
Benoît Hopquin titre dans le Monde du 18 avril que Strasbourg a, une fois encore, sanctionné le Maire sortant.
Les raisons évoquées sont : la similitude des programmes, le mécontentement général ou encore le caractère autocratique du « tandem ». Il y a certainement du vrai, mais il manque à mes yeux une raison majeure.
Pierre Pflimlin, pour ceux qui l’ont connu, n’était pas toujours un homme «facile», il commandait fermement, et pourtant il a été réélu à plusieurs reprises.
C’était un grand Maire dont les citadins étaient fiers parce que c’était un Européen qui a donné à sa ville une envergure qui dépassait et de loin son poids démographique. Pour qui veut durer à Strasbourg, il lui faudra connaître et respecter les deux aspects fondamentaux de notre code « génétique »
Stras-Bourg, une double identité dans un même patronyme.
Il y a le « Bourg » bien sûr avec tous ces aspects « bourgeois » : les équipements, la propreté, la sécurité, le confort, les jeux etc. Mais, il y a aussi l’autre dimension, celle des routes : « Stras » lieu de rencontre, d’échange, de mixité.
Lieu de propagations des valeurs des Droits de l’Homme de Tolérance et de Paix. Ce ne sont pas des concepts du passé. Le Président de la République a procédé au lancement d’un nouveau sous-marin nucléaire : le «Terrible ! » ….
Ce deuxième aspect si important a été totalement négligé. La ville s’est repliée sur elle-même, on a privilégié à l’excès le « bourg » et les investissements susceptibles d'entraîner un « retour en voix ».
Les électeurs ont apprécié le travail intra muros fournit, mais ont sanctionné cet oubli majeur préjudiciable autant à notre rayonnement qu ‘à notre économie.
Les Strasbourgeois sont ambitieux pour leur ville. Cette ambition remonte à loin. Déjà au Moyen Âge et bien avant nous étions la ville située sur les « grands itinéraires. » La ville des « routes ».
Notre économie était largement ouverte sur l’Europe. Les draperies, la verrerie, les épices, la laine et bien d’autres produits passaient par Strasbourg reliant Nord et Sud de l’Europe. Les visiteurs venaient de loin. Strasbourg percevait des droits et battait monnaie… L’histoire certes est passée par là, les moyens de transport ont évolué mais Strasbourg conserve pleinement ses gènes de « Ville Libre » ouverte sur l’Europe et le monde. Ville des Winstub lieu par excellence de promiscuité dans la diversité… .
À défaut de produits et encore, la fonction logistique n’est pas à négliger, Strasbourg doit aujourd’hui véhiculer des idées, être un lieux d’échanges et de rencontres des populations.
C’est une noble mission, légitime, source de fierté et de richesses. Même si notre nouveau Maire Monsieur Roland RIES ne s’est engagé que pour un seul mandat, je formule, avec espoir et confiance, le vœu qu’il saura ré ouvrir cette dimension sur l’extérieur qui fait partie intime de notre identité. Strasbourg : ville des routes de la «pensée Européenne et humaniste » que ses Maires doivent perpétrer.
Alexis LEHMANN
(Auteur du projet EURODOM, un lieu pour l'Europe qui ferait de Strasbourg, "capitale démocratique de l'Europe" un Lieu d'Esprits d'Europe.)
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