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06/12/2016

L'Europe, ses valeurs et ses règles

"L'UNION EUROPÉENNE vit sur des apparences de "grande puissance", celle d'un ensemble géopolitique de 510 millions de citoyens (Royaume-Uni compris) et celle de "première puissance économique du monde" en cumul des PIB. Or, il faut "décoder".

D'abord, il n'y a pas de "citoyen" européen, car il n'y a toujours pas d'"État européen". On ne peut être citoyen que d'un État et le Brexit est venu rappeler que la seule citoyenneté pertinente et décisionnelle est celle de chaque pays membre.

L'UE est un "BABEL" de 27 démocraties diverses et souveraines, une construction modulaire séparable à tout moment. Les aspirations populistes et nationalistes jouent chaque jour un peu plus de cette faculté pour orienter les peuples vers un avenir solitaire. En ce qui concerne la puissance économique et stratégique, elle n'est hélas pas opérationnelle du fait des difficultés à trouver des accords communs sur les grands sujets. Défense, immigration, transition écologique, transition énergétique, protection sociale, droits de douane, etc., aucune option commune ne peut être prise d'autorité par la Commission européenne sans l'accord des différents membres. Quelle question faudrait-il donc poser pour obtenir une réponse unanime à 27 ? Qui peut penser qu'une telle méthode de direction soumise à des gouvernants aux yeux vissés sur leurs compteurs électoraux nationaux puisse fonctionner ?

"Nous devons accepter de perdre un peu plus de notre souveraineté"

Aucune système démocratique de commandement ne peut s'exercer sans la soumission à la règle de la majorité. On peut à l'"unanimité" partager les mêmes valeurs, comme le rappelle Mme Merkel ; elles sont certes nobles, belles, idéales, mais leur partage, même "unanime", n'est pas suffisant pour obliger les partenaires à appliquer une stratégie d'actions communes susceptible de répondre aux enjeux de la Communauté européenne.

Nous sommes ici à Strasbourg beaucoup d'Européens convaincus. Mais l'idéal d'union et de solidarité qui a fonctionné sous l'impulsion des pères fondateurs qui voulaient construire les "États Unis d'Europe" s'éloigne à l'infini...

L'UE a fonctionné tant que les choses allaient bien pour tous ses membres, au moment notamment des Trente Glorieuses. Aujourd'hui où nous sommes pratiquement dans une situation inverse, l'effort d'adaptation à faire pour construire un "ensemble politique et géographique intégré" semble hélas hors de portée ! C'est pourtant la seule solution pour que l'UE ne reste pas un "machin" et pour que nos vieux pays puissent se situer à égalité de puissance avec les États-Unis et les grands de ce monde.

Dans son dernier livre Jean Tirole, notre prix Nobel d'économie, conclut son chapitre sur l'Europe en écrivant : "Si nous Européens, nous voulons vivre sous un même toit, nous devons accepter de perdre un peu plus de notre souveraineté, réhabiliter "l'idéal européen" et rester unis autour de cet idéal !". Mais, ajoute-t-il, "ceci n'est pas une mince affaire".

 

                                                                                                      Alexis Lehmann - Article DNA du 03.12.16

 

 

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