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19/04/2016

Les «Erasmus» : Lueur d’espoir pour une Europe qui se fragmente

Cela fait maintenant plus de 60 ans que l’Union Européenne, première puissance économique du monde, cherche à faire entendre sa voix et à exister dans l’univers concurrentiel mondial structuré en continents.

L’objectif de départ était bien celui-là ! «Nous allons construire les Etats-Unis d’Europe», proclamait Jean Monnet en 1952 ! Les différentes séquences de la construction se sont ensuite enchaînées les unes après les autres : CECA, CEE, Schengen et plus récemment, pour 18 pays, Maastricht et la monnaie unique européenne !

L’avancé était certes lente, mais tout semblait bien parti dans une Europe enfin en paix, stimulée par la puissante poussée des Trente Glorieuses ! Là, aujourd’hui, l’Union est soumise à des retournements de situation et à de multiples épreuves : absence de croissance, déconfiture de l’économie, perte de compétitivité de nombreux membres, chômage, crise agricole, crise des migrants, terrorisme, menaces d’exits de plusieurs partenaires – on pourrait rallonger la liste !

L’enthousiasme européen a disparu et a fait place aux perverses et stupides théories des retours sur soi, des égoïsmes et des nationalismes. Il est vrai que la plupart des gouvernants a les yeux vissés sur les compteurs électoraux nationaux, et plus aucun d’entre eux, ni d’ailleurs aucun responsable des Institutions Européennes n’aurait le courage de reprendre aujourd’hui à son compte la promesse de Jean Monnet !

D’après le dernier Gallup International, sur les 508 millions de citoyens européens, près de 40% ne croient plus du tout à la réussite du projet. Et pourtant, dans cette atmosphère eurosceptique et défaitiste, on voit poindre une lueur d’espoir qui peut s’avérer être très significative.

Les jeunes universitaires européens du système «Erasmus» ne cessent de se développer. Ils étaient 3000 en 1987, 130000 en 2004, 300000 aujourd’hui. Éduqués et lucides, ils savent qu’aucun pays de l’Union, pris individuellement, n’a la capacité de leur garantir un avenir et d’en procurer un à la jeunesse d’Europe.

Ils ont compris que cette « Europe qui n’intéresse personne» est en fait la clé de presque tous les problèmes auxquels les citoyens européens sont confrontés dans leur quotidienneté ! Chômage, pouvoir d’achat, immigrations, terrorisme, transition écologique et énergétique, défense.

Ils savent aussi très bien que si l’enthousiasme des «Pères fondateurs» se meurt, c’en est fini du projet ; «no spirit, no project, no futur !»

Pour le patron de cette belle institution, Erasme de Rotterdam, la construction européenne était possible car, disait-il : «Les Allemands, Anglais, Italiens, Espagnols etc… peuvent s’entendre et coopérer parce qu’ils partagent la même foi chrétienne !» Il n’est évidemment plus question aujourd’hui de faire appel à une seule et même appartenance religieuse pour solidifier les bases d’une communauté de destin, mais il est indéniable que s’il n’y a pas une «foi» commune en un projet commun autour de valeurs d’humanité qui sont communes, rien ne pourra jamais se faire !

C’est d’ailleurs à ces «valeurs» d’humanité et non à des valeurs spirituelles confessionnelles que le Pape François faisait allusion dans son discours prononcé au Parlement Européen en octobre 2014 : «Europe où est ta vigueur, où sont les valeurs qui t’ont rendue grande ?»

Souhaitons à ces jeunes «Erasmus» de grandir encore en nombre, de rallumer la flamme, de prendre les commandes pour, en tant que nouveau ferment, assurer l’émergence d’un Etat Européen. Etat, qui pourrait par exemple comme l’a suggéré Valérie Giscard d’Estaing, se construire autour du noyau dur de la monnaie unique.

En effet, l’époque est favorable ! Dans la tourmente actuelle, et après avoir dit souvent pis que pendre des contraintes imposées par l’Union, jamais les différents gouvernants n’ont fait autant appel à l’entraide, à la cohésion et à la solidarité européenne.

Alors, en avant la «Jeune Europe», l‘avenir est entre vos mains !

Alexis Lehmann, Président d’Honneur de «Strasbourg Évènement», Vice-Président d’SPE «Strasbourg pour l’Europe» et administrateur de la Fondation Entente Franco-Allemande (FEFA), compte parmi les contributeurs fidèles d’Eurojournalist(e).

 

Alexis Lehmann - 19 avril 2016