01/07/2015
Mai 2015 : Strasbourg doit relancer l'Union Européenne !
Les 14 et 19 mars derniers, coup sur coup, deux articles pessimistes quant à la situation et à l’avenir de l’Union Européenne ont été publiés dans le journal le MONDE.
L’un, intitulé : « l’Europe au risque de la fragmentation » et l’autre : « Europe, faux postulats et vraie déprime » !
Si ce grand journal a décidé de les publier, c’est que vraisemblablement, il les a trouvés pertinents ou du moins révélateurs d’une opinion de plus en plus répandue.
À ce jour, ils n’ont soulevé ni contestation ni réaction de la part d’aucun des 731 parlementaires européens… ! Ils iront donc grossir la documentation déjà volumineuse des europessimistes et des eurosceptiques, et désespérer encore un peu plus les Européens qui y croient encore…
D’ailleurs qui pensent aux 630 millions d’habitants de l’Union Européenne attendant depuis 70 ans maintenant, que ce rêve insensé, issu du feu et du sang, de créer un jour les États-Unis d’Europe, se réalise ?
70 ans ! Trois générations… Pour ne pas y arriver !
Il y a eu certes des avancées : la libre circulation des biens et des personnes, le passeport européen, une monnaie unique dans 19 pays de l’Union et surtout, surtout 70 années de paix sans interruption. Un miracle sur le vieux Continent.
Mais cette paix, inestimable apport, est à nouveau menacée à nos portes, et la perspective de conflits de toutes natures, civils, religieux, politiques, préoccupe de plus en plus les esprits.
Les déplacements de François Hollande et d’Angela Merkel, seuls, auprès de Wladimir Poutine, assortis au silence du Conseil Européen dans le conflit ukrainien prouvent que l’Europe politique n’existe toujours pas !
Ces fléaux potentiels ne pourront être prévenus et dominés que si une organisation gouvernementale représentative des nations européennes existe vraiment.
À ce jour, tous les essais ont été infructueux.
La Communauté Européenne de Défense a échoué en 1954. Quelques années plus tard, la réflexion, partant cette fois des intérêts économiques réciproques, a été reprise. Le Marché Commun n’a pas abouti à une organisation politique de l’Europe... Même l’abandon des monnaies nationales, et le lancement de l’Euro, monnaie commune partagée par 19 pays de l’Union ne s’est pas transformé en une entité politique de l’Eurozone... !
Quand verra-t-on se réaliser cette grande œuvre humaine citoyenne qui avait pour objectif de créer pacifiquement, un nouvel État Continent adapté à la géo-politique du monde ?
L’objectif fondamental était la sécurité certes, mais aussi la prospérité de l’ensemble des citoyens européens et non la survivance institutionnelle, politique, autonome et souveraine des États Partenaires !
L’opinion publique européenne a compris depuis longtemps qu’aucun de grands problèmes de notre temps, chômage, croissance, écologie, défense, immigration, énergie, pollution, développement durable, avènement numérique et digital ne pouvait se régler isolément, pays par pays.
Daniel Cohn Bendit rappelle que dans quelques années plus aucun des pays de l’ancienne Europe, même pas l’Allemagne, ne sera présent au sein des grandes puissances du G8. « Nous serons tous morts ! » dit-il !
Or, en ces temps économiques difficiles ce sont juste les thèses adverses qui refont école… Populismes, nationalismes, et ambitions électoralistes, reviennent un peu partout au goût du jour…
L'Europe s’enlise, s’endort. Les rouages institutionnels fonctionnent certes, mais sans connexion avec les citoyens, sans lien réel avec les besoins et les attentes des peuples.
Chaque pays continue de jouer sa carte, figé dans l’immobilisme, funeste conséquence de la règle du vote à l’unanimité.
Les voix des Monnet, Schuman, Adenauer… ; les grands appels, pathétiques à la raison et à l’union, lancés en 1945 par les Pères de l'Europe se perdent dans les brumes de l’Histoire.
L'Union Européenne végète, et n’arrive pas à faire le saut final vers une Europe Puissance, à souveraineté partagée, acceptée et comprise par tous !
N’est-il pas temps, 70 ans après cette prise de conscience historique, de renouveler l’appel, de reformuler le projet avec le 21e siècle en perspective ?
L’Europe est née ici à Strasbourg, et Strasbourg et les Alsaciens ont une mission particulière envers elle.
Nous sommes tous des Européens convaincus au même titre que nos proches voisins d’outre-rhin et ne pouvons laisser les pays d’Europe dériver dans l’impasse des isolements, des compétitions et des conflits dont nous connaissons trop bien les signes précurseurs, toujours illustrés par les retours sur soi.
Proposons aux Européens, surtout aux jeunes générations, une nouvelle vision, un nouveau cap, un nouvel idéal européen. Établissons un programme dans le temps. Choisissons la structure fédérale ou confédérale… Commençons par terminer l’Union Économique et monétaire, encore truffée d’asymétries de tous ordres.
Si nous n’avançons pas vers une organisation intégrée nous serons marginalisés, invisibles et inaudibles sous la pression des grandes mouvances démographiques économiques monétaires et politiques. Celles-ci continuent, irréversiblement, à restructurer le monde dans sa globalité.
Les Européens, tous ensembles, représentent à peine plus 8% des 7,2 milliards d’hommes qui vivent sur notre planète… ! La France seule n’atteint pas 1 % de la population mondiale !
Soyons lucides sur nos capacités individuelles face à la configuration de notre univers concurrentiel mondial.
70 ans après la fin de la guerre, Strasbourg se prépare à fêter cet anniversaire de manière exceptionnelle. N’est-ce pas le moment pour que notre Ville, à cette occasion lance un appel vibrant aux Peuples et aux Gouvernants d’Europe, pour que ce rêve fou, d’une Union Politique Intégrée, des « États Unis d’Europe », se matérialise en plan d’action effectif, séquencé dans le temps, pour devenir enfin, réalité ?
Alexis Lehmann
Président d’Honneur de Strasbourg Evènements
08:37 | Lien permanent | Commentaires (0)
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