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25/10/2010

Le 1er Forum Citoyen trinational à Strasbourg

 

Même si les «institutionnels» étaient plus nombreux que les «citoyens» samedi dernier, le fait d’avoir organisé à l’Hôtel de la Région une rencontre sur ce sujet déterminant pour l’avenir de l’Alsace me paraît un point positif à mettre à l’actif du Président Philippe Richert. Intéressant aussi le fait que cette thématique soit reprise dans les prochains mois en Allemagne (Karlsruhe) et en Suisse du Nord (Bâle). Ecouter parler le résident, le riverain, est un exercice indispensable et salutaire.

Certes, les organisateurs ne font en général qu’apprendre ce qu’ils connaissent déjà fort bien. Souvent cependant des idées nouvelles peuvent jaillir, et des pistes de réalisation se dessiner.

Nous avons entendu samedi, à l’Hôtel de la Région, un peu toutes les doléances et suggestions relatives à la création d’une «Région Transfrontalière trinationale du Rhin Supérieur». Rappelons que celle-ci est appelée de leurs vœux depuis des décennies par les responsables politiques de cet espace, et que bien des programmes ont été esquissés à cette fin.

L’objectif manque cependant de lisibilité et de visibilité au niveau des habitants. Je me permets de rappeler que La Fondation Entente Franco Allemande (FEFA) a demandé en 2007 à la «Sofres / TNS» de faire un sondage grand public sur les attentes et les besoins des  6 millions d’habitants qui vivent ici entre Karlsruhe et Bâle, des deux côtés du Rhin. Quels ont été les résultats ?

D’abord un plébiscite de la part des populations pour maintenir et développer le concept de REGION METROPOLITAINE DU RHIN SUPERIEUR. Il faut souligner cette forte identité de vue entre les habitants et les instances dirigeantes des trois pays. Ce consensus, tout à fait exceptionnel, issu de toutes les classes d’âge, devrait nous donner des ailes.

Ensuite pour y arriver, on note dans l’ordre : la promotion du bilinguisme, la mise sur pied d’un plan de Développement Economique Commun, et l’amélioration des liaisons routières et ferroviaires.

Pour réaliser ces objectifs, la population fait confiance : aux systèmes scolaires et universitaires, à la population elle-même, un peu aux entreprises, peu aux politiques locaux, pas du tout aux politiques nationaux.

Ce sondage est à la disposition des lecteurs sur les sites respectifs du RHINO et de la FEFA.

J’ai apprécié les propos du Professor Doktor Heuberger, Président du pilier «Société Civile» qui s’est exprimé samedi. Il réalise que son influence est limitée face aux autres «Piliers» des trois grands secteurs. Je suis persuadé qu’un jour ou l’autre, on comprendra que la société civile ne peut pas être un «pilier» parmi les trois autres : Politique, Economique, Sciences et Recherche. En effet, celle-ci est par définition, peu structurée et très diverse. Le peuple, en fait, est présent dans les trois aspects, électoraux, économiques, et scientifiques. Il est le SOCLE, et non un des piliers, sur lequel tout repose et sans l’appui duquel rien n’est réalisable.

La stratégie du RHINO proposée et développée depuis maintenant plusieurs années par la Fondation Entente Franco-Allemande est une piste, pour l’instant la seule à ma connaissance, qui permette effectivement de faire comprendre aux 6 millions d’habitants du Rhin Supérieur  vers quoi nous voulons aller. En faisant prendre à tous, conscience, au quotidien, de cette nouvelle et déterminante ambition, le travail «politique» pourra mieux se révéler. Cette ambition trinationale nécessite un processus d’entraînement, de bas en haut, qui permette à chacune et chacun de participer à son niveau à cette construction politique et citoyenne de proximité.

Commençons par faire émerger ensemble, dirigeants et citoyens, sur le terrain, cette idée de nouvelle configuration territoriale trinationale. Donnons au public un signe de ralliement fort, un nouvel identifiant, utilisons une même marque en tant que «liant» de l’ensemble des efforts de quelque niveau et de quelque nature qu’ils soient.

La RMRS doit devenir visible, naître de la rue et dans la rue, toucher chacun d’entre nous. Ainsi, elle permettra de dépasser les murs, encore présents, des frontières historiques, mentales, linguistiques, administratives, pré-européennes. Les décisions politiques à trois sont certes difficiles à prendre, commençons par prendre celles qui sont permises, possibles, applicables, dynamisantes.

Inscrire ainsi nos belles régions historiques riveraines du Rhin dans un nouvel ensemble trinational se révèle être un impératif de développement majeur. Aucune des trois régions ne peut prétendre s’en tirer toute seule dans un domaine fondamental ; écologie, logistique, ou économique. La conscience d’une solidarité de destin, d’un sentiment d’appartenance à un même territoire stimulerait les acteurs, à tous les niveaux. Elle inscrirait cet ensemble géographique dans une dynamique propulsive dont personne aujourd’hui ne peut imaginer les effets bénéfiques, tant cette région est riche de potentiel.

L’allégorie du tailleur de pierre de Klaus Wenger, Président d’ARTE, était bien venue  quant il sublimait le travail quotidien. Je voudrai la reprendre à mon compte sous un autre aspect. «Quant on met une pierre sur une pierre, on a un tas de pierres, si on rajoute un architecte, on a une cathédrale».

 

Alexis Lehmann -22.10.10